Le 30 janvier dernier, l’Assemblée nationale a donc voté en faveur du projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la liberté de la femme à recourir à l’IVG.
En 1975, Simone Veil obtenait que l’avortement soit dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il demeurerait toujours un drame. Depuis, tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG. Les résultats sont là : 2023 vient d’établir le triste record de 234 300 IVG en France alors que la tendance est à la baisse partout ailleurs en Europe.
Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l’égale dignité de toute vie humaine – principe à valeur constitutionnelle — et la liberté d’accès à l’avortement. Comment expliquer une telle contradiction ?
Une des explications est liée, selon moi, à la succession des lois dites sociétales votées en France depuis quelques dizaines d’années. Celles-ci, en effet, se focalisent sur des droits individuels en oubliant ou en sous-estimant leurs portées sociales. Or la cohésion sociale ne peut que se dégrader – n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd'hui ? – si on se contente de définir des droits individuels sans resituer la personne dans le jeu des relations qui la constituent.
Est-il juste de faire peser sur les seules épaules des femmes enceintes une question aussi grave ? Comment pouvons-nous reléguer à la seule sphère privée une option touchant au respect du plus fragile ? Cette option définit en effet, pour une part, le modèle de société que nous souhaitons, et engage notre avenir.
N’est-ce pas également la société tout entière qui devrait porter le souci des femmes enceintes dans des conditions difficiles, de celles qui ont besoin d’être soutenues dans leur maternité, ou encore de celles se retrouvant dans une douloureuse solitude après avoir fait le choix d’une IVG ?
Nous sommes en réalité tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? Il devient difficile aujourd'hui de s’exprimer sur ce sujet sans prendre le risque de devenir une cible médiatique. Beaucoup de personnalités publiques ont d’ailleurs déserté le débat. Que deviendra ce dernier si la loi venait à être adoptée ? La liberté d’expression sera-t-elle garantie ? Et la liberté de conscience ?
Certains craignent que l’opinion publique sur l’avortement ne change. Verrouiller définitivement les choses pour anticiper une telle hypothèse, n’est-ce pas un déni de démocratie ?
J’ose croire, quant à moi, que le jour viendra où la lumière se fera sur cet angle mort de notre conscience collective. Telle est mon humble espérance !
+ Olivier de Germay Archevêque de Lyon
D'après les
Révélations de
CATHERINE EMMERICH
MONTRÉAL
Chez Monsieur de la Rousselière
319, rue Sherbroke
et chez tous les libraires.
Imprimatur
Archevêché de Montréal
12 février 1897
F. BOUGEAULT, V . C.
***
[2] Ouverture
[3] Du jardin des oliviers au chemin de Croix
[4] Le Jardin des Oliviers.
[5] Le Torrent de Cédron.
[6] Jésus devant Anne.
[7] Jésus devant Caïphe
[8] Jésus dans la prison.
[9] Jésus devant Pilate.
[10] Origine du chemin de la Croix
[11] Jésus devant Hérode
[12] Jésus ramené d'Hérode à Pilate
[13] Flagellation de Jésus.
[14] Marie pendant la Flagellation
[15] Couronnement d'épines
[16] Ecce Homo !
[17] Chemin de Croix
[18] 1ère station
Jésus condamné à mort.
[19] 2ème station
Jésus porte sa Croix.
[20] 3ème station
Jésus tombe pour la première fois.
[21] 4ème station
Jésus rencontre sa Mère.
[22] 5ème station
Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix.
[23] 6ème station
Véronique essuie la face de Jésus.
[24] 7ème station
Jésus tombe pour la deuxième fois.
[25] 8ème station
Jésus console les filles de Jérusalem.
[26] 9ème station
Jésus tombe pour la troisième fois.
[27] 10ème station
Jésus dépouillé de ses vêtements.
[28] 11ème station
Jésus étendu sur la Croix.
[29] 12ème station
Jésus sur la Croix.
[30] 13ème station
Jésus descendu de la Croix.
[31] 14ème station
La mise au tombeau.
[32] Les Sept Paroles de Jésus en croix.
[33] Ouverture du côté de Jésus.
[34] La voie douloureuse et les saints
[35] Envoi
⁂
Chère âme, la Vierge Marie, la Mère des douleurs, vous met entre les mains ce petit livre, pour que vous vous unissiez aux milliers d'âmes qui le possèdent aussi, et formiez toutes ensemble une couronne perpétuelle de réparation aux outrages et aux mauvais traitements que Jésus, son adorable Fils, a reçu sur le parcours de la Voie douloureuse, et à ceux qu'il reçoit encore chaque jour au Saint Sacrement de l'Eucharistie, dans les cœurs sacrilèges et de la part des blasphémateurs.
Pour entrer dans cet esprit de réparation perpétuelle, deux choses sont requises :
1. Faire souvent ( tous les jours si on le peut ) le Chemin de la croix en union avec Marie qui l'a fait la première, marchant dans les traces des pas ensanglantés de son divin Fils se rendant au Calvaire.
2. Méditer chaque jour une page des horribles souffrances que ce divin Sauveur a bien voulu endurer pour nous racheter. Ces méditations occupent 60 pages : c'est donc pendant 60 jour que vous méditerez son long martyre : chaque jour quelques instants, un quart d'heure si vous le pouvez.
Ne lisez pas plus d'une page à la fois, afin de vous la bien graver dans le cœur. Ensuite, ayez soin de pointer le premier des petits casiers placés au haut de la page, et ainsi pour chaque page Jusqu'à la fin.
Si vous y êtes fidèle, je vous promets un redoublement de ferveur et d'amour pour Jésus crucifié.
⁂
Il était environ neuf heures du soir, quand Jésus vint à Gethsémani. Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et monta plus haut dans le jardin des Oliviers. Arrivé à une grotte d'environ six pieds de profondeur, il s'arrêta et dit à ses disciples : restez là et veillez avec moi; puis il entra dans la grotte pour prier. Je vis alors tout autour de lui l'angoisse et la tentation s'approcher comme des nuages chargés de figures effrayantes… Hélas ! cette étroite caverne semblait renfermer l'horrible spectacle de tous les péchés du monde, et celui de leur châtiment. Jésus tomba sur son visage, et tous nos crimes lui apparurent sous des formes infinies avec toute leur laideur intérieure : Il les prit tous sur Lui, et s'offrit, dans sa prière, à la justice de son Père pour payer cette dette. Jésus, dans une angoisse mortelle, tremblait d'horreur !… Je vis alors, de l'autre côté, venir un rayon semblable à une voie lumineuse : c'était une ligne d'anges qui descendaient vers Jésus pour le ranimer et le fortifier.
De tous les péchés dont le divin Sauveur se chargea, je reconnus les miens qui sont si nombreux… et il sortit vers moi comme un fleuve où toutes mes fautes me furent montrées… Dans ma douleur je gémissais et pleurais… je me tournais avec Lui vers les anges consolateurs… Hélas ! Jésus, mon Sauveur, se tordait comme un ver de terre sous le poids de sa douleur et de ses angoisses !…
Alors mon âme fut épouvantée à l'aspect des hommes et de leur ingratitude envers Dieu… Jésus était en proie à une douleur si violente qu'il s'écria, tremblant et frissonnant : Mon Père, si c'est possible, que ce calice s'éloigne de moi ! Puis il se recueillit et dit : Cependant, que votre volonté se fasse et non la mienne !
Les épouvantements de la mort, la terreur qu'il ressentait comme homme à l'aspect de ses souffrances expiatoires, le pressaient et l'assaillaient sous la forme de spectres hideux. Il tombait çà et là, se tordait les mains; la sueur le couvrait, il tremblait et frémissait !… Il se releva; ses genoux chancelaient et le portaient à peine, il était tout défait et presque méconnaissable; ses lèvres étaient pâles, ses cheveux se dressaient sur sa tête.
Il était environ dix heures et demie quand il se leva; puis, tout chancelant, tombant à chaque pas, baigné d'une sueur froide, il se traîna jusqu'aux pieds des apôtres.
Jésus vint à eux, semblable à un homme dans l'angoisse que la terreur pousse vers ses amis; mais il les trouva endormis. Alors il joignit les mains, tomba près d'eux plein de tristesse et dit : Simon, dors-tu ? Ils s'éveillèrent aussitôt, et Notre-Seigneur leur dit : Ne pouviez-vous veiller une heure avec moi ?
Lorsque les apôtres le virent défait, pâle, chancelant, trempé de sueur et tout tremblant; lorsqu'ils entendirent sa voie altérée et presque éteinte, Ils se mirent à prier, la tête couverte, pleins de trouble et de tristesse : ils étendaient les mains vers lui, pleuraient, tombaient dans les bras les uns des autres et demandaient : Qu'est-ce donc ? que lui arrive-t-il ? Il est dans un délaissement complet !
Marie, Mère de Jésus, effrayée des bruits qui couraient, avait voulu venir devant la ville avec ses amis pour savoir des nouvelles de son Fils. Lazares et quelques parents essayèrent de la tranquilliser, car ils ne savaient rien encore de la trahison de Judas.
Jésus étant retourné à la grotte, en sortit bientôt plus défiguré que jamais… Aucune langue ne peut exprimer quelle épouvante et quelle douleur vinrent fondre sur l'âme de Jésus à la vue des terribles expiations des péchés du monde !… L'horreur de cette vision fut telle qu'une sueur de sang sortit de son corps !
Pendant que l'humanité du Christ était écrasée sous cette effroyable masse de souffrances, j'aperçus un mouvement de compassion parmi les anges; il me sembla qu'ils désiraient ardemment le consoler, et qu'ils priaient à cet effet devant le trône de Dieu. Il y eut comme un combat d'un instant entre la miséricorde et la justice de Dieu, et l'amour qui se sacrifiait; puis tout disparut, et les anges abandonnèrent le Seigneur, dont l'âme allait avoir à souffrir de nouvelles attaques.
Le doute et l'inquétude qui précèdent le sacrifice dans l'homme, qui se dévoue s'éveillèrent dans l'âme du Seigneur; il se fit cette terrible question : Quel sera le profit de ce sacrifice ? et le tableau du plus terrible avenir accabla son cœur… Il voyait l'ingratitude des hommes, il voyait la tiédeur, la corruption et la malice d'un nombre infini de chrétiens, qu'il voulait racheter de son sang au prix de souffrances indicibles…
Je vis passer devant l'âme de Jésus, dans une série de visions, les scandales, les meurtres, les abominations de tous les siècles, jusqu'à la fin du monde : je vis Satan qui arrachait violemment à Jésus une multitude d'hommes rachetés de son sang, et même ayant reçu l'onction de son sacrement. Toutes ces apparitions fondaient sur Jésus avec tant d'impétuosité, qu'une angoisse indicible opprimait son humanité. Le Christ, le fils de l'homme, luttait et joignait les mains, il tombait à genoux comme accablé, et sa volonté humaine livrait un si terrible combat contre la répugnance à tout souffrir pour une race si ingrate, que la sueur en larges gouttes de sang coulait de son corps jusqu'à terre…
Jésus dans sa détresse éleva la voix, et fit entendre quelques cris douloureux. Alors je vis Pierre courir et entrer dans la grotte. Maître, dit-il, qu'avez-vous ? Et il se tenait là tremblant à la vue de Jésus tout sanglant et frappé de terreur… Ô mon Père, si ce calice ne peut pas s'éloigner de moi, que votre volonté soit faite !
Jésus mon Sauveur sortit de la caverne et je vis le sang rouler en larges gouttes sur son pâle visage; ses cheveux étaient collés ensemble, sa barbe sanglante et en désordre. Il alla vers ses disciples; sa démarche était comme celle d'un homme couvert de blessures et courbé sous un lourd fardeau, qui trébucherait à chaque pas. Jésus s'approcha d'eux, mais ils eurent de la peine à le reconnaître, tant il était méconnaissable. Ils se levèrent aussitôt, le prirent sous les bras, le soutinrent avec amour; et Jésus les regardant, leur dit avec tristesse qu'on le ferait mourir le lendemain, qu'on s'emparerait de lui dans une heure, qu'il serait maltraité, outragé, flagellé, et enfin livré à la mort la plus cruelle. Il les pria de consoler sa mère, et aussi de consoler Madeleine. Il était à peu près onze heures du soir.
Pendant cette agonie de Jésus, je vis la sainte Vierge accablée de tristesse et d'angoisses dans la maison de Marie, mère de Marc. Elle se tenait avec Madeleine et Marie dans le jardin de la maison; elle était là, courbée en deux sur une pierre et affaissée sur ses genoux. Plusieurs fois elle perdit connaissance… Puis se levant, elle partit avec Madeleine et Salomé du côté de la vallée de Josaphat. Elle marchait voilée, et étendait souvent les bras vers le mont des Oliviers; car elle voyait en esprit Jésus baigné d'une sueur de sang, et il semblait qu'elle voulût de ses mains étendues essuyer le visage de son divin Fils.
Jésus était retourné à la grotte pour prier, II était épuisé… mais je vis les anges lui montrer toute la cohorte des bienheureux à venir; tous, rangés suivant leur date, leur classe et leur dignité, passèrent devant le Seigneur, parés de leurs souffrances et de leurs œuvres. Ils entouraient leur Rédempteur comme une couronne de victoire, car c'étaient sa Passion et sa mort qui devaient les sanctifier. Cette vue inexprimablement touchante donna à l'âme de Jésus un peu de consolation et de force.
Mais ces images consolantes s'évanouirent et les anges lui montrèrent sa passion qui était proche. Il était environ onze heures et demie lorsque Jésus sortit de la grotte. Un ange l'avait réconforté; il s'approcha de ses apôtres et leur montra à quelque distance une troupe d'hommes armés, qui venait de l'autre côté du torrent de Cédron; puis, quittant le jardin des Oliviers, ils arrivèrent sur le chemin de Gethsémani. Judas et sa troupe parurent; Jésus fit quelques pas pour s'approcher d'eux et dit à haute voix : Qui cherchez-vous ? Les chefs des soldats répondirent : Jésus de Nazareth. — C'est moi, répliqua Jésus; vous êtes venu me prendre comme un malfaiteur avec des pieux et des bâtons; j'ai enseigné tous les jours dans le temple, et vous n'avez pas mis la main sur moi; mais votre heure, l'heure de la puissance des ténèbres est venue.
Alors les archers le garrottèrent avec une grande dureté et une brutalité de bourreaux. Ces hommes étaient des païens de la plus basse extraction. Ils attachèrent les mains de Jésus devant sa poitrine, et cela de la manière la plus cruelle, avec des cordes neuves, très dures et très serrées. Ils lui passèrent autour du cou une sorte de collier où étaient des piquants pour le blesser cruellement; de ce collier partaient des courroies par lesquelles ils tiraient çà et là le Seigneur selon leurs caprices… On se mit en marche après avoir allumé des torches. Les diciples erraient à quelque distance, poussant des sanglots… Les archers tiraient et maltraitaient Jésus de la manière la plus cruelle… ils le frappaient avec des cordes à nœuds, comme un boucher frappe les bestiaux qu'il mène a la boucherie… Jésus était pieds nus.
⁂
Le cortège marchait assez vite, et bientôt il arriva à un pont jeté sur le torrent de Cédron. Lorsqu'ils furent arrivés sur le milieu du pont, ils ne mirent plus de bornes à leurs cruautés : ils poussèrent brutalement Jésus enchaîné, et le jetèrent de toute sa hauteur dans le torrent, lui disant de s'y désaltérer. Sans une assistance divine, cela eût suffi pour le tuer… Il tomba sur les genoux, puis sur le visage, sur les rochers à peine couverts d'un peu d'eau… Je le vis boire de l'eau du Cédron lorsqu'on l'y eût poussé; c'était l'accomplissement d'un passage prophétique des Psaumes, où il est dit : qu'Il boira dans le chemin de l'eau du torrent ( Psaume 109 ). Les archers tenaient toujours Jésus attaché au bout de leurs longues cordes; il le firent remonter sur le bord. Alors ces misérables le poussèrent sur le pont, l'accablant d'injures et de coups. Son vêtement de laine, tout imbibé d'eau, se collait sur ses membres; il pouvait à peine marcher !…
Il n'était pas encore minuit, lorsque je vis Jésus de l'autre côté du Cédron, traîné inhumainement parmi les pierres, les chardons et les épines !… Quand les pieds nus et saignants de Jésus étaient déchirés par les épines, les archers l'insultaient avec ironie… Ils arrivèrent à la porte d'Ophel, où il fut accueilli par les cris douloureux des habitants, que la reconnaissance attachait à Jésus. Ils se jetaient à genoux et criaient : Délivrez-nous cet homme, qui nous a consolés, qui nous a guéris ! Jésus était de nouveau tombé par terre, et il ne paraissait pas pouvoir aller plus loin !… C'était un spectacle déchirant de voir le divin Sauveur pâle, défait, meurtri, sa robe humide et souillée de boue, poussé avec des bâtons comme un pauvre animal qu'on mène au sacrificateur, à travers la foule affligée des habitants d'Ophel, qui le suivaient les yeux pleins de larmes…
Depuis le mont des Oliviers jusqu'à la maison d'Anne, Notre-Seigneur tomba sept fois.
Quelques instants après, la mère de Jésus fut ramenée par les saintes femmes, à travers Ophel. Elle était évanouie et muette de douleur; les pauvres habitants d'Ophel, tout en larmes, se pressaient tellement autour d'elle qu'elle était presque portée par la foule. Ils l'aimaient… c'était la mère de Jésus, de ce Jésus qui les avait consolés et guéris tant de fois !…
Les apôtres errent effrayés dans les vallées qui entourent Jérusalem; ils tremblent quand ils se rencontrent et se demandent des nouvelles à voix basse… Le bruit augmente, l'enfer est déchainé; Satan redouble de rage et sème partout le désordre et la confusion. Tel était l'état des choses lorsque le Seigneur fut conduit devant Anne.
⁂
Anne attendait l'arrivée de Jésus avec impatience, et son cœur était plein de haine et de ruse. C'était un vieillard maigre et sec, plein d'insolence et d'orgueil. D'un air moqueur il lui dit : Tu veux introduire une nouvelle doctrine ? Qui t'a donné le droit d'enseigner ? Parle ! Alors le divin Sauveur releva sa tête fatiguée, regarda Anne et dit : J'ai parlé en public devant tout le monde, je n'ai rien dit en secret; pourquoi m'interroges-tu ? Le visage d'Anne, à ces paroles, exprima la fureur. Un infâme archer, vil flatteur du pontife, frappa de sa main couverte d'un gantelet en fer la bouche et les joues du Seigneur, lui disant : Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ? Jésus, l'adorable Jésus, ébranlé par la violence des coups, tomba de côté sur les marches, et le sang coula sur son visage !…
Puis, se relevant, il dit : Si j'ai mal parlé, montrez-moi en quoi : mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ?… Anne, plus irrité que jamais, prit un roseau qu'il présenta à Jésus en lui disant : Voilà le sceptre de ton royaume ! Qu'on le mène devant Caïphe
⁂
Caïphe était un homme d'apparence grave; son visage était enflammé et menaçant. À peine Jésus fut-il arrivé devant lui, qu'il s'écria : Te voilà, ennemi de Dieu, qui troubles pour nous cette sainte nuit ! Jésus restait calme, patient, les yeux baissés. Les archers voulaient le forcer à parler; ils le frappaient et le piquaient avec des instruments pointus.
Caïphe, plein de colère de ce que Jésus ne le regardait pas, se leva de son siège et dit au Sauveur : Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ! Il se fit un grand silence, et Jésus répondit avec une voix pleine de majesté : Je le suis, tu l'as dit !… Alors les archers, le saisissant par les cheveux, lui rejetèrent la tête en arrière et lui donnèrent des coups de poing sous le menton; mais ses yeux ne se relevèrent pas.
Caïphe, inspiré par l'enfer, prit le bord de son manteau et le déchira, criant à haute voix : Il a blasphémé ! Qu'est-il encore besoin de témoins ? Alors tous les assistants se levèrent et s'écrièrent d'une voix terrible : Il est digne de mort ! Il est digne de mort !…
Alors, comme un essaim de guêpes irritées, ils se jetèrent sur Jésus et lui arrachèrent une partie de sa barbe et de ses cheveux; puis ils lui mirent sur les épaules un vieux manteau tout troué dont le devant lui venait à peine aux genoux. Ils lui passèrent autour du cou une longue chaîne de fer, qui lui pendait jusqu'à mi-jambes; cette chaîne était terminée par des pointes en fer qui lui ensanglantaient les genoux et les jambes quand il marchait. Ils lui bandèrent les yeux avec un dégoûtant lambeau d'étoffe, et ils le frappèrent au visage. Jésus, le doux agneau, ne disait rien; il priait intérieurement pour eux ! Ils crachaient sur lui et lui jetaient de la boue, en lui disant : Voilà ton onction de roi ! Alors ils prirent un vase plein d'eau sale et infecte dans laquelle se trouvait un affreux torchon, qu'ils lui promenèrent sur le visage et sur les épaules, faisant semblant de l'essuyer; ils finirent par verser sur son adorable face toutes les immondices contenues dans le bassin.
Je vis comme une lumière qui entourait Jésus, et sa gloire m'apparut si éclatante que je ne puis m'empêcher de penser que, s'ils lui avaient voilé le visage, c'était uniquement parce que le grand-prêtre ne pouvait plus supporter le regard de Jésus, depuis qu'il avait dit; Je suis le Fils de Dieu !
Jean, dans sa profonde affliction, pensa à la pauvre mère de Jésus. Il craignait que la terrible nouvelle ne lui arrivât d'une manière plus douleureuse, peut-être par la bouche d'un ennemi; il regarda le Seigneur comme pour lui dire : Maître, vous savez pourquoi je m'en vais. Pierre, accablé de douleur, s'efforçait de cacher ses larmes, et n'eut pas le courage de quitter la salle; peu après, il sortit dans le vestibule, et une servante lui dit : N'es-tu pas de ses disciples ? Pierre effrayé répondit : Je ne connais pas cet homme. Pierre ne pouvant trouver de repos, car il aimait Jésus, retourna dans la salle d'un pas mal assuré; il s'approcha du feu où se chauffait la canaille, et l'un deux lui dit : Ton accent te fait reconnaître : tu es galiléen ! Pierre avec vivacité se mit à faire des serments, et à jurer qu'il ne connaissait pas cet homme; puis il courut hors du vestibule. Alors le coq chanta, et Jésus qu'on conduisait à la prison à travers cette cour, se tourna vers Pierre et lui adressa un regard plein de douleur. L'apôtre sentit à l'instant combien sa faute était grande; son cœur fut déchiré, et il pleura amèrement.
La Sainte Vierge, le cœur brisé de tout ce que lui avait raconté saint Jean, partit avec les saintes femmes; elle voulait être près du lieu où Jésus souffrait; mais peu après elle tomba sans connaissance. Plusieurs la reconnurent et la saluèrent par ces paroles : Ô malheureuse mère ! ô mère riche en douleur du Saint d'Israël ! Marie revint à elle, les remercia, et continua son triste chemin…
⁂
Lorsque Jésus entra dans la prison, il pria son Père céleste d'accepter tous les mauvais traitements qu'il souffrait, comme un sacrifice expiatoire pour ses bourreaux … Les archers l'attachèrent à un pilier, et ne lui permirent pas de s'appuyer, de sorte qu'il avait peine à se tenir sur ses pieds… Le jour commençait à poindre, le jour de notre rédemption ! et un rayon de lumière arrivait par le soupirail du cachot. Jésus, notre Agneau pascal, leva alors ses mains enchainées vers la lumière naissante, et remercia son Père pour le don de ce jour que les patriarches avaient tant désiré, après lequel lui-même avait soupiré avec tant d'ardeur ! ce jour qui devait procurer notre salut, et faire jaillir sur les hommes la source des bénédictions !
Jésus resta un peu plus d'une heure dans cette prison.
⁂
Dès le point du jour, Caïphe ordonna de conduire Jésus à Pilate. Alors les archers se précipitèrent en tumulte dans la prison, délièrent les mains de Jésus en l'accablant d'injures, lui arrachèrent le vieux manteau dont ils l'avaient revêtu, le forcèrent à coups de poing à remettre sa longue robe encore toute couverte des ordures qu'ils y avaient jetées, lui attachèrent de nouveau des cordes au milieu du corps, et le firent sortir de prison. Tout cela se fit précipitamment et avec une horrible brutalité.
On fit passer ce doux Sauveur à travers la partie la plus fréquentée de la ville, laquelle en ce moment fourmillait de juifs venus pour les fêtes de la Pâque. Il était chancelant, défiguré par les outrages de la nuit, pâle, défait, le visage enflé et meurtri… et les injures et les mauvais traitements continuaient sans relâche.
Il était environ six heures du matin, lorsque la troupe qui conduisait le Sauveur arriva devant le palais de Pilate. Pilate, après avoir entendu les accusations, réfléchit un instant et dit : Cet homme est galiléen, et par conséquent sujet d'Hérode; menez-le devant lui; il est ici pour la fête et peut le juger. Alors il fit reconduire Jésus hors le tribunal.
Lorsque Marie apprit que son divin fils était sorti de la prison, elle se leva précipitament et dit à Madeleine et à Jean : Suivons-le chez Pilate, je veux le voir de mes yeux. Ils se rendirent par un chemin détourné à un endroit où devait passer le cortège… Quel horrible spectacle ! la populace avec ses clameurs, puis enfin Jésus, le Fils de Dieu, le Fils de l'homme, le Fils de Marie ! défiguré, meurtri, enchainé, frappé, poussé, perdu dans un nuage d'injures et de malédictions !… Sa mère, sa pauvre mère s'écria en sanglotant : Hélas ! est-ce là mon fils, mon Jésus ! Ô mon Jésus ! Alors le Sauveur, passant près d'elle, lui jeta un regard touchant, et elle perdit connaissance. Jean et Madeleine l'emportèrent.
⁂
Pendant que le divin Maître fut mené à Hérode, Jean conduisit la sainte Vierge et Madeleine sur tout le chemin qu'avait suivi Jésus. Ils revinrent ainsi chez Caïphe, chez Anne, dans Ophel, à Gethsémani, dans le jardin des Oliviers; et dans tous les endroits où le Sauveur était passé, où il avait souffert, ils s'arrêtaient en silence, pleuraient et baisaient la terre où ce Fils adorable était tombé… Madeleine se tordait les mains par la souffrance, et Jean pleurait, les consolait, les relevait, les conduisait plus loin.
Ce fut là le commencement du saint Chemin de croix, et les honneurs rendus à la Passion de Jésus, avant même qu'elle fût accomplie. Ce fut dans le cœur de la Mère du Sauveur que commença la méditation de l'Église sur les douleurs de son Rédempteur. Marie, mère de douleur, arrosait de ses larmes et vénérait les traces des pas de son fils et de son Dieu !
Ô quelle compassion ! avec quelle force le glaive tranchant ne s'enfonça-t-il pas dans son cœur ! Elle, qui l'avait porté dans son sein, qui l'avait allaité de son lait ! C'est ainsi que la Vierge pure et sans tache inaugura dans l'Église le chemin de la Croix, pour y ramasser à toutes les places, comme des pierres précieuses, les inépuisables mérites de Jésus-Christ, pour les cueillir comme des fleurs sur la route, et les offrir à son Père céleste pour ceux qui ont la foi.
⁂
Hérode, averti par l'envoyé de Pilate, attendait le cortège dans une grande salle où il était assis sur une espèce de trône. Aussitôt que Jésus fut entré, Hérode le regarda avec curiosité, et quand il le vit si défait, si meurtri, son visage tout sanglant, ce prince voluptueux ressentit une pitié mêlée de dégoût. Il détourna son visage avec répugnance et dit aux prêtres : Comment pouvez-vous mettre en ma présence un homme si sale et si meurtri ? Les archers emmenèrent donc Jésus dans le vestibule : on apporta de l'eau et on le nettoya sans cesser de le maltraiter : car son adorable visage était couvert de plaies qu'on frotta rudement et brutalement. Ensuite ils le reconduisirent à Hérode, et ce dernier lui fit beaucoup de questions; il lui demanda même de faire un prodige; mais Jésus ne répondit pas, et restait devant lui les yeux baissés, ce qui irrita beaucoup ce monarque; mais il n'en resta pas moins fidèle à ses vues politiques et, ne voulant pas le condamner contre le jugement de Pilate, il le renvoya à ce dernier, le remettant entre les mains d'une soldatesque grossière. Chacun d'eux se faisait une gloire d'imaginer quelque nouvel outrage pour Jésus. Ils faisaient tout cela précipitamment, en se poussant les uns les autres et au milieu des huées… Quelques-uns lui donnaient des coups de bâton sur sa tête sacrée, et ce doux Agneau les regardait avec un sentiment de compassion. La douleur lui arrachait des soupirs et des gémissements, mais ils en prenaient occasion pour le railler en contrefaisant sa voix; à chaque nouvel outrage, ils éclataient de rire, et aucun n'avait pitié de lui !… Sa tête était tout ensanglantée et je le vis tomber trois fois sous leurs bâtons; mais je vis aussi au dessus de lui des anges en pleurs qui lui ceignaient la tête, et il me fut révélé que sans cette assistance d'en haut, les coups auraient été mortels.
⁂
Ce fut avec un redoublement de fureur que les ennemis de Jésus le ramenèrent d'Hérode à Pilate. Ils étaient honteux de revenir sans l'avoir fait condamner. Aussi prirent-ils un autre chemin deux fois plus long, pour le montrer dans son humiliation à une autre partie de la ville, et pour pouvoir le maltraiter d'autant plus longtemps. Il était environ huit heures lorsque le cortège arriva au palais de Pilate. Jésus, couvert de son manteau de dérision, passa à travers les huées de la populace. Les archers lui firent monter l'escalier avec leur brutalité accoutumée, mais il s'embarrassa dans son vêtement, et tomba sur les degrés de marbre blanc qui se teignirent du sang de sa tête sacrée. Les archers rirent de sa chute et le frappèrent à coups de pieds pour qu'il se relevât… Pilate ne pouvant pas trouver Jésus coupable, se leva de son tribunal et s'adressant au peuple il leur dit : C'est la coutume que je vous délivre un criminel à la Pâque : qui voulez-vous que je vous délivre : Barabbas ou Jésus ?
Il s'éleva un cri général dans tout le forum : Nous ne voulons pas de celui-ci ! donnez-nous Barabbas ! Pilate dit encore : Que dois-je donc faire de Jésus ? Tous crièrent : Qu'il soit crucifié ! qu'il soit crucifié ! … Pilate reprit : Je vais le faire fouetter et le renvoyer. Mais le cri : Crucifiez-le ! crucifiez-le ! éclata partout comme une tempête infernale. Alors le faible Pilate délivra le malfaiteur Barabbas, et comdamna Jésus à la flagellation, avant de le condamner à mort.
⁂
À peu de distance du corps de garde se trouvait une colonne où se faisaient les flagellations. Les exécuteurs vinrent avec des fouets, des verges et dés cordes qu'ils jetèrent au pied de la colonne. C'était six hommes bruns, petits, aux cheveux crépus; ils avaient les bras nus. C'étaient des malfaiteurs des frontières de l'Égypte, et dont les plus ignobles remplissaient les fonctions d'exécuteurs dans le prétoire. Ils ressemblaient à des démons, et paraissaient moitié ivres… Ils attachèrent brutalement le divin Sauveur à la colonne… On ne saurait exprimer avec quelle barbarie ces chiens furieux traitèrent Jésus !… Ils lui arrachèrent son manteau dérisoire et le jetèrent presqu'à terre… Jésus priait de la manière la plus touchante. Quoique se soutenant à peine, il se hâta d'ôter ses habits avec ses mains sanglantes, puis tourna un instant la tête vers sa pauvre Mère, qui se tenait, navrée de douleur, non loin de lui dans une des salles du marché… Alors Marie tomba évanouie dans les bras des saintes femmes qui l'entouraient…
Jésus embrassa la colonne; les archers lièrent ses mains élevées en l'air et tendirent tellement ses bras en haut, que ses pieds, attachés fortement au bas de la colonne, touchaient à peine la terre, puis ils lui jetèrent sur la face le voile destiné à cacher un peu ses larmes et à étouffer ses cris.
Le Saint des saints fut ainsi étendu avec violence sur la colonne des malfaiteurs ! et deux de ces furieux altérés de son sang, commencèrent à flageller son corps sacré de la tête aux pieds !… Mon Sauveur, le Fils de Dieu, frémissait et se tordait comme un ver sous les coups de ces misérables; ses gémissements doux et clairs se faisaient entendre comme une prière affectueuse sous le bruit des verges de ses bourreaux… on entendait aussi le bêlement des agneaux de Pâques, qu'on lavait à peu de distance, dans la piscine des brebis. Ce bêlement avait quelque chose de singulièrement touchant. C'étaient les seules voix à s'unir aux gémissements du Sauveur.
Au bout d'un quart d'heure, les deux bourreaux qui flagellaient Jésus, furent remplacés par deux autres. Le corps du Sauveur était couvert de taches noires, bleues et rouges, et son sang coulait par terre… Il tremblait, et son pauvre corps était agité de mouvements convulsifs.
Le second couple de bourreaux tomba avec une nouvelle rage sur Jésus; ils avaient une autre espèce de baguettes; c'était comme des bâtons d'épines avec des nœuds et des pointes Leurs coups déchirèrent tout le corps de Jésus; son divin Sang, jaillit à quelque distance, et leurs bras en étaient arrosés. Jésus, mon adorable Sauveur, gémissait, priait et tremblait !…
De nouveaux bourreaux frappèrent Jésus avec des fouets : c'était des lanières, au bout desquelles étaient des crochets de fer qui enlevaient des morceaux de chair à chaque coup… Hélas ! qui pourrait rendre ce terrible et douloureux spectacle ? Leur rage n'était pourtant pas encore satisfaite : ils délièrent le divin Agneau, et l'attachèrent de nouveau, le dos tourné à la colonne… Comme il ne pouvait plus se soutenir, ils lui passè-rent des cordes sur la poitrine, sous les bras et au-dessus des genoux. Tout son corps se contractait douloureusement : il était couvert de sang et de plaies… Alors ils fondirent de nouveau sur lui comme des chiens furieux… L'un d'eux tenait une verge plus déliée, dont il frappait son visage. Le corps du Seigneur n'était plus qu'une plaie; il regardait ses bourreaux avec des yeux pleins de sang, et semblait demander grâce; mais leur rage redoublait, et les gémissements de Jésus devenaient de plus en plus faibles.
L'horrible flagellation avait duré trois quarts d'heure, lorsqu'un étranger se précipita vers la colonne avec un couteau, coupa les cordes, et cria d'une voix indignée : Arrêtez ! ne frappez plus cet innocent !… puis il disparut dans la foule. Les bourreaux, qui étaient ivres, s'arrêtèrent étonnés. Jésus tomba presque sans connaissance au pied de la colonne sur la terre toute baignée de son sang…
Je vis à plusieurs reprises, pendant la flagellation, des anges en pleurs entourer Jésus, et j'entendis sa prière pour nos péchés, qui montait constamment vers son Père au milieu de la grêle de coups qui tombait sur lui. Pendant qu'il était étendu dans son sang, je vis un ange lui présenter quelque chose de lumineux qui lui rendit des forces.
Les archers revinrent bientôt et le frappèrent avec leurs pieds en lui disant de se relever. Jésus voulut alors prendre sa ceinture qui était à quelque distance, mais ces misérables la poussèrent de côté et d'autre, en sorte que ce doux Sauveur fut obligé de se traîner péniblement sur le sol, comme un ver à moitié écrasé, pour pouvoir atteindre sa ceinture et en couvrir ses reins déchirés. Quand il l'eurent remis sur ses jambes tremblantes, ils le conduisirent en hâte au corps de garde.
⁂
Je vis la sainte Vierge en extase continuelle pendant la flagellation de Jésus : elle vit et souffrit intérieurement avec un amour et une douleur indicibles tout ce que souffrait son divin Fils. Souvent de faibles gémissements sortaient de sa bouche; ses yeux étaient rouges de larmes. Elle était étendue dans les bras des saintes femmes qui pleuraient près d'elle. Madeleine était bouleversée et terrassée par la douleur; ses cheveux étaient épars sous son voile. Marie, revenue à elle, vit son Fils tout déchiré conduit par les archers : il essuya ses yeux pleins de sang pour regarder sa pauvre Mère… Elle étendit les mains vers lui, et suivit des yeux la trace sanglante de ses pieds… Bientôt après, je vis Marie et Madeleine s'approcher de la place où Jésus avait été flagellé, et se prosterner à terre pour essuyer partout le sang sacré de Jésus… Il était environ neuf heures du matin lorsque finit la flagellation.
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Lorsque Jésus rentra au corps de garde, la populace se mit à crier : Qu'on le tue ! qu'on le tue ! Bientôt le Sauveur fut entouré de soldats romains qui lui arrachèrent ses vêtements qui étaient collés sur son corps couvert de plaies, et lui mirent un vieux manteau rouge qui ne lui allait pas aux genoux. Ils trainèrent ensuite Jésus au siège qu'ils lui avaient préparé avec des cailloux pointus et des tessons de pots cassés; ils l'y firent asseoir brutalement. C'est alors qu'ils lui mirent la couronne d'épines. Elle était haute de deux largeurs de main, très épaisse et artistement tressée. Le bord supérieur était saillant. Il la lui placèrent autour du front en manière de bandeau, et la lièrent fortement derrière. Elle était faite de trois branches d'épines d'un doigt d'épaisseur, et la plupart des pointes étaient à dessein tournées en dedans. Quand ils l'eurent attachée sur la tête de Jésus, ils lui mirent un épais roseau dans la main, puis, le lui arrachant, ils frappèrent si violemment sur la couronne d'épines, que les yeux du Seigneur étaient inondés de sang. Ils s'agenouillèrent devant lui, lui firent des grimaces, lui crachèrent au visage et le souffletèrent en criant : Salut, roi des Juifs ! Puis ils le renversèrent avec son siège en riant aux éclats, et l'y replacèrent de nouveau avec violence.
Je ne saurais répéter tous les genres d'outrages qu'imaginèrent ces misérables. Jésus, mon adorable Maître, souffrait horriblement de la soif, car les blessures faites par la flagellation lui avaient donné la fièvre, et il frissonnait; sa chair était déchirée jusqu'aux os, sa langue était retirée, et le sang sacré qui coulait de sa tête rafraîchissait seul sa bouche brûlante et entr'ouverte.
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Jésus recouvert du manteau rouge, la couronne d'épines sur la tête, le sceptre de roseau entre ses mains garrottées, fut reconduit dans le palais de Pilate. Il était méconnaissable à cause du sang qui remplissait ses yeux, sa bouche et sa barbe, Son corps n'était qu'une plaie; il ressemblait à un linge trempé dans du sang. Quand il arriva devant Pilate, cet homme cruel ne put s'empêcher de frémir d'horreur et de pitié; puis, se levant sur la terrasse il dit au peuple : Voilà l'homme ! je ne le trouve coupable d'aucun crime. Mais les princes des prêtres criaient : Qu'on le fasse mourir ! qu'on le crucifie ! Pilate à moitié effrayé, revint sur la terrasse et dit encore qu'il ne trouvait pas Jésus coupable; alors on lui cria : Si tu le délivres, tu n'es pas l'ami de César ! Pilate, voyant que tout était inutile, se fit apporter de l'eau, et se lava les mains en disant : Je suis innocent du sang de ce juste. Alors tout le peuple s'écria : Que son sang tombe sur nous et sur nos enfants ! Pilate, tu es un juge inique et sans conscience : tu en répondras aussi, car tu l'appelles juste et tu répands son sang; la malédiction; tombera sur toi !
⁂
Le divin Sauveur fut enfin amené une dernière fois devant Pilate, qui, après un long préambule d'accusations, condamna Jésus à être crucifié en même temps que les deux larrons.
À ces mots, la mère de Jésus tomba sans connaissance comme si la vie l'eût abandonnée. Maintenant il n'y a plus de doute, la mort de son Fils bien-aimé était certaine ! Jean et les saintes femmes l'emportèrent; mais elle ne fut pas plus tôt revenue à elle qu'elle voulut suivre son Fils jusqu'au Calvaire… Jésus fut alors livré aux archers comme une proie; jusque là, ces hommes abominables avaient gardé quelque retenue en présence du tribunal; maintenant il était à leur discrétion !
C'était l'usage chez les Romains de remettre les vêtements à ceux qu'on conduisait au supplice; les archers lui délièrent alors les mains afin de l'habiller; ils arrachèrent de son corps couvert de plaies le manteau de laine rouge qu'ils lui avaient mis par dérision, et rouvrirent par là toutes ses blessures. Comme la couronne d'épines était trop large et empêchait qu'on pût lui passer la robe brune que lui avait faite sa mère, on la lui arracha de la tête, et toutes ses blessures saignèrent de nouveau avec des douleurs indicibles.
Les deux larrons étaient à droite et à gauche de Jésus; celui qui se convertit par la suite était calme et pensif; l'autre grossier et insolent; il s'unissait aux archers pour insulter Jésus, qui regardait ses deux compagnons avec amour et offrait pour leur salut toutes ses souffrances.
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Plusieurs esclaves arrivèrent par la porte occidentale, apportant la croix de Jésus. Au même instant, le divin Sauveur s'agenouilla par terre, près de la croix, l'entoura de ses bras et la baisa en adressant à son Père un touchant remerciement pour la rédemption du genre humain qui commençait. Les archers chargèrent à grand'peine ce lourd fardeau sur son épaule droite. Je vis des anges l'aider, sans quoi il n'aurait pas même pu le soulever. La trompette de la cavalerie de Pilate donna le signal du départ, et un soldat cria : En avant ! en avant ! Un archer poussa violemment Jésus, et celui-ci sentit tomber sur ses épaules meurtries tout le poids que nous devons porter après lui, suivant ses saintes paroles… Ainsi s'avançait lentement le Sauveur, les pieds nus et sanglants, courbé sous le pesant fardeau de la croix, n'ayant ni mangé, ni bu, ni dormi depuis la Cène de la veille, épuisé par la perte de son sang, dévoré de fièvre, de soif, de souffrances infinies !… Sa pauvre main enflée et toute blessée soutenait à peine son lourd fardeau. Autour de lui, ce n'était que dérision et cruauté : mais ses souffrances indicibles ne pouvaient surmonter son amour : sa bouche priait, et son regard éteint pardonnait.
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La rue par laquelle on conduisit Jésus était à peine large de deux pas; elle passait derrière des maisons, et il y avait beaucoup d'immondices. Il y eut beaucoup à souffrir : la populace aux fenêtres l'injuriait, les méchants lui jetaient de la boue et des ordures. Arrivé au coin de la rue, Jésus, mon doux Sauveur, n'avait plus la force de marcher; il tomba de tout son long sur une énorme pierre, et la croix tomba près de lui. Le cortège s'arrêta un moment en désordre; c'était en vain qu'il tendait la main pour qu'on l'aidât; il pria encore pour ses bourreaux. Mais les Pharisiens crièrent : Relevez-le ! sans quoi il mourra dans nos mains.,. Des deux côtés du chemin, on voyait pourtant, çà et là, quelques femmes qui pleuraient… Lorsqu'ils l'eurent remis sur ses pieds en le maltraitant, ils replacèrent la croix sur son dos, et il lui fallut pencher de nouveau, pour la recevoir, sa tête déchirée par les épines…
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La Mère de Jésus, toute abîmée de douleur, se soutenant à peine, s'avançait lentement avec les saintes femmes sur le parcours pour voir encore son divin Fils. Le son de la trompette qui se faisait entendre au loin lui perçait le cœur… Elle se mit à trembler et à gémir; puis enfin elle aperçut son Jésus, son adorable Fils, le visage livide, les yeux éteints et ensanglantés … Détournant la tête il jeta sur sa mère un regard de compassion et de douleur… Marie ne voyant plus ni soldats, ni bourreaux, se précipita au milieu des archers, tomba à genoux près de Jésus et le serra dans ses bras; j'entendis ces mots : Mon Fils ! ma mère ! puis elle tomba comme morte de douleur; saint Jean et les saintes femmes l'emportèrent.
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Le cortège arriva à un coin de rue où il fallait passer sur d'énormes pierres. Là, Jésus trébucha et s'affaissa; la croix roula à terre près de lui; lui-même, cherchant à s'appuyer sur une pierre, tomba misérablement tout de son long et il ne put plus se relever… On le crut mort… Il y eut quelque tumulte : on ne pouvait plus remettre Jésus sur ses pieds, et les Pharisiens cherchaient quelqu'un pour l'aider, lorsqu'ils aperçurent un païen nommé Simon de Cyrène; il l'appelèrent et lui dirent d'aider le Galiléen à porter sa croix. Simon d'abord éprouva de la répugnance, à cause du triste état où se trouvait Jésus; mais Jésus pleurait et le regardait de l'air le plus touchant. Simon alors l'aida à se relever et à porter sa croix. Il ne porta pas longtemps la croix derrière Jésus sans se sentir profondément touché.
⁂
Le cortège avait fait environ deux cents pas depuis que Simon était venu porter la croix avec le Seigneur, lorsqu'une femme se jeta au devant des archers. C'était Séraphia, femme de Sirach, appelée ensuite Véronique ( qui veut dire : vrai portrait ), à cause de ce qu'elle fit en ce jour.
Séraphia avait préparé chez elle du vin aromatisé, avec le pieux désir de le faire boire au Seigneur sur son chemin de douleur. Traversant la foule avec le vase et un linge qu'elle avait suspendu sur ses épaules, elle parvint jusqu'à Jésus, tomba à genoux et lui présenta le linge qu'elle déploya devant lui en disant : Permettez-moi d'essuyer la face de mon Seigneur. Jésus prit le linge de la main gauche, l'appliqua contre son visage ensanglanté, puis le rapprochant de la main droite qui tenait la croix, il pressa ce linge entre ses deux mains et le rendit à Séraphia; ensuite, elle voulut présenter à Jésus le vase de vin, mais les soldats ne voulurent pas qu'il s'y désaltérât.
À peine cette pieuse femme était-elle rentrée chez elle, qu'elle étendit le suaire, et s'aperçut que la face adorable de Jésus s'y était empreinte d'une façon merveilleuse. Séraphia garda ce précieux souvenir jusqu'à sa mort; ensuite il revint par les saintes femmes à la Sainte Vierge, puis à l'Église par les apôtres.
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Le chemin était devenu très inégal, et il fallait passer auprès d'un grand bourbier. Les archers, par malice, tirèrent violemment Jésus, et ce divin Sauveur, tombant pour la seconde fois, fut rudement précipité dans le bourbier avec son fardeau, en sorte que Simon put à peine retenir la croix. Il dit alors d'une voix affaiblie : Hélas ! hélas !Jérusalem, combien je t'ai aimée ! J'ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu me chasses sans pitié hors de tes murs !…
Les archers frappèrent si cruellemment Jésus pour le faire sortir du bourbier, que Simon de Cyrène en fut indigné et s'écria : Si vous ne mettez fin à vos infamies, je jette là la croix, quand même vous voudriez me tuer aussi ! Jésus tomba presque en défaillance, mais Simon fit reposer la croix, s'approcha de lui et le soutint.
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Non loin de là, à l'angle du chemin, était une troupe de femmes qui pleuraient et gémissaient, attendant le passage de Jésus… À la vue de son visage si défait et si meurtri, ces femmes poussèrent des cris de douleur et, suivant la coutume juive, présentèrent à Jésus des linges pour essuyer sa face adorable. Le Seigneur se tourna vers elles et dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi : pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! car il viendra bientôt un temps où l'on dira : Montagnes, tombez sur nous ! collines, couvrez-nous ! Car si l'on traite ainsi le bois vert, que sera-ce de celui qui est sec ? Je me souviens encore que Jésus leur dit, que leurs larmes seraient récompensées, qu'elles marcheraient désormais dans un autre chemin.
⁂
Bientôt le cortège arriva entre les murs de la ville et le Calvaire. C'était un sentier tortueux, et Jésus tomba pour la troisième fois. Simon de Cyrène, fatigué et maltraité lui-même, était plein d'indignation et de pitié; il aurait voulu encore soulager Jésus, mais les archers le chassèrent en l'injuriant. Il était à peu près onze heures et trois quarts lors de la dernière chute de Jésus et du renvoi de Simon.
Les archers tirèrent Jésus avec des cordes pour le relever, délièrent les morceaux de la croix et les mirent par terre les uns sur les autres. Hélas ! quel douloureux spectacle présentait le Sauveur, sur le lieu de son supplice ! si triste ! si pâle ! si déchiré ! si sanglant !… Bientôt les archers le prirent et le menèrent près de là, à une espèce de fosse creusée dans le roc, qui ressemblait à une cave; ils l'y poussèrent si rudement que Jésus se serait brisé les genoux contre la pierre sans un secours miraculeux; puis ils en fermèrent l'entrée. J'entendis sa voix et les gémissements plaintifs qu'il faisait entendre de cette noire caverne : cela déchirait le cœur. Marie sa divine Mère, reprenant une force surnaturelle, voulut le suivre jusqu'au lieu de son supplice. Indifférente aux injures de la populace, elle traversa le forum avec les saintes femmes, et elles suivirent le chemin que Jésus avait parcouru… La Sainte Vierge comptait tous les pas, et indiquait à ses compagnes les places consacrées par quelque douloureuse circonstance. C'est ainsi que le chemin de la croix fut inauguré, pour ainsi dire, dans les traces même de Jésus qui y a marché le premier, par l'amour de la plus tendre des mères.
⁂
Enfin elles arrivèrent au Calvaire. Quel spectacle pour Marie que ce lieu de supplice, cette terrible croix… ces marteaux… ces cordes… ces clous effrayants… ces hideux bourreaux, à peu près ivres, faisant leur affreux travail avec des imprécations !… L'absence de Jésus prolongeait le martyre de sa Mère; elle savait qu'il était encore vivant, elle désirait le voir, et elle tremblait à la pensée des souffrances auxquelles elle le verrait livré !
Quelques archers allèrent enfin au cachot et en arrachèrent Jésus qui, tout le temps, s'était offert en sacrifice à Dieu son Père pour le salut du monde. Ils lui prodiguèrent encore des coups et des outrages pendant ces derniers pas qui lui restaient à faire… Quand les saintes femmes le virent aussi défait, elles donnèrent de l'argent à un homme pour qu'il achetât des archers la permission de faire boire à Jésus le vin aromatisé de Véronique. Mais ces misérables ne le lui donnèrent pas et le burent eux-mêmes.
Les six archers qui devaient crucifier Jésus étaient des hommes petits et robustes, ressemblant à des bêtes farouches. Ils commencèrent par ôter à l'adorable victime son manteau de dérision, puis sa robe de laine blanche teinte de son sang, enfin la tunique sans couture que sa mère lui avait faite. Mais comme ils ne pouvaient la retirer sans ôter sa couronne d'épines, ils lui arrachèrent celle-ci violemment de dessus la tête, rouvrant par là toutes ses blessures; puis ils lui ôtèrent la tunique avec force injures, en la faisant passer par dessus sa tête ensanglantée et couverte de plaies.
Le Fils de l'homme était là, tremblant, Couvert de sang, de contusions, de taches livides et de meurtrissures ! … Son corps était horriblement enflé et sillonné de blessures; ses épaules et son dos étaient sillonnés jusqu'aux os !…
⁂
Jésus, image vivante de la douleur, fut étendu par les archers sur la croix. Ils le renversèrent sur le dos, et ayant tiré son bras droit sur le bras droit de la croix, ils le lièrent fortement : puis l'un d'eux mit le genou sur sa poitrine sacrée … un autre tint ouverte sa main qui se contractait … un troisième appuya sur cette main pleine de bénédiction un gros et long clou et frappa dessus à coups redoublés avec un marteau de fer… Un gémissement doux et clair sortit de la bouche du Sauveur : son sang jaillit sur les bras des archers.
Les liens qui retenaient la main furent déchirés et s'enfoncèrent avec le clou triangulaire dans l'étroite ouverture. J'ai compté les coups de marteau, mais j'en ai oublié le nombre. La Sainte Vierge gémissait faiblement et semblait avoir perdu connaissance. Madeleine était hors d'elle-même…
Lorsque les bourreaux eurent cloué la main droite du Sauveur, ils s'aperçurent que sa main gauche, qui avait été aussi attachée à la croix, n'arrivait pas jusqu'au trou qu'ils, avaient fait, et qu'il y avait encore un intervalle de deux pouces entre ce trou et l'extrémité de ses doigts : alors ils attachèrent une corde à son bras gauche et le tirèrent de toutes leurs forces, en appuyant les pieds contre la croix jusqu'à ce que la main atteignît la place du clou. Jésus poussa des gémissements touchants : car ils lui disloquaient entièrement les bras. Les épaules violemment tendues se creusaient. On voyait aux coudes les jointures des os; ses genoux se retiraient vers son corps. Ils s'agenouillèrent sur ses bras et sur sa poitrine, lui garrottèrent les bras, et enfoncèrent le second clou dans la main gauche d'où le sang jaillit…
La Sainte Vierge ressentait dans son cœur toutes les douleurs de son divin Fils; elle était pâle comme un cadavre, et des sanglots entrecoupés s'échappaient de sa bouche. Madeleine était comme folle : elle se déchirait le visage; ses yeux et ses joues étaient en sang. Tout le corps du Sauveur avait été attiré vers le haut de la croix par la violente tension des bras, et ses genoux s'étaient redressés. Les bourreaux les étendirent et les attachèrent avec des cordes : mais il se trouva que les pieds n'atteignaient pas jusqu'au morceau de bois placé pour les soutenir. Alors les archers se mirent en fureur, et vomirent des imprécations contre Jésus : Il ne veut pas s'allonger, disaient-ils, mais nous allons l'aider ! Alors ils attachèrent des cordes à sa jambe droite et la tendirent violemment, jusqu'à ce que le pied atteignît le morceau de bois. Il y eut une dislocation si horrible qu'on entendit craquer la poitrine adorable de Jésus, et qu'il s'écria à haute voix : Ô mon Dieu ! ô mon Dieu ! Ce fut une épouvantable souffrance. Ils attachèrent ensuite fortement le pied gauche sur le pied droit, et le percèrent d'abord au cou-de-pied avec une espèce de pointe à tête plate, parce qu'il n'était pas assez solidement posé sur la croix pour qu'on pût les clouer ensemble. — Cela fait, ils prirent un clou beaucoup plus long que ceux des mains, le plus horrible qu'ils eussent, l'enfoncèrent à travers la blessure faite au pied gauche, puis à travers le pied droit, jusque dans l'arbre de la croix. Cette opération fut plus douloureuse que toutes les autres.
⁂
La Sainte Vierge était revenue au lieu du supplice. La dislocation des membres de son Fils, le bruit des coups de marteau et les gémissements de Jésus excitèrent en elle une douleur si violente qu'elle tomba de nouveau sans connaissance entre les bras des saintes femmes…
Les plaintes que la douleur arrachait à Jésus se mêlaient à une prière continuelle. Pendant cet horrible supplice, je vis apparaître au dessus de Jésus des figures d'anges en pleurs. Il était environ midi et un quart lorsque Jésus fut crucifié, et au moment où l'on élevait la croix, le temple retentissait du bruit des trompettes. C'était le moment de l'immolation de l'agneau pascal.
Lorsque les bourreaux eurent crucifié Notre-Seigneur, ils attachèrent des cordes à la partie supérieure de la croix, et s'en servirent pour l'élever, tandis que quelques-uns d'entre eux la soutenaient, et que d'autres en poussaient le pied jusqu'au trou qu'on avait creusé pour elle. Elle s'y enfonça de tout son poids avec une terrible secousse. Jésus poussa un cri de douleur : tout le poids de son corps pesa verticalement, ses blessures s'élargirent, son sang coula abondamment, et ses os disloqués s'entrechoquèrent… Les archers, pour affermir la croix et voir si elle était solidement enfoncée, la secouèrent vigoureusement.
Rien ne fut plus terrible et plus touchant à la fois que de voir, au milieu des cris de la populace qui regardait de loin, la croix chanceler un instant sur sa base et s'enfoncer en tremblant dans la terre. Mais il s'éleva aussi vers elle des voix pieuses et gémissantes; les plus saintes voix du monde, celle de Marie, celle de saint Jean, celle des saintes femmes et de tous ceux qui avaient le cœur pur; leurs mains tremblantes se levèrent comme pour la soutenir, lorsque le Saint des saints, le fiancé de toutes les âmes, cloué vivant sur la croix, s'éleva, balancé en l'air par les mains des pécheurs en furie … L'enfer même ressentit avec terreur le choc de la croix qui s'enfonçait, et redoubla la fureur de ses suppôts contre elle… Les âmes renfermées dans les limbes l'entendirent avec une joie pleine d'espérance… La sainte croix était dressée pour la première fois au milieu de la terre comme un autre arbre de vie dans le paradis, et des blessures de Jésus coulaient quatre fleuves sacrés pour effacer la malédiction qui pesait sur elle !…
Lorsque notre adorable Sauveur fut élevé en croix, il y eut un moment de silence et de stupeur. Bien des cœurs endurcis furent ébranles, et pensèrent à ces paroles de Jean-Baptiste : Voici l'Agneau de Dieu, qui prend sur lui les péchés du monde !…
⁂
Les rues étaient désertes et tranquilles : la terreur générale tenait chacun dans sa maison. Joseph d'Arimathie et Nicodème allèrent au Calvaire. Ils y trouvèrent la Très Sainte Vierge et Madeleine assises au pied de la croix. Elles étaient plongées dans une douleur mortelle. Les autres saintes femmes étaient occupées à préparer le linge et les aromates pour embaumer le corps de Jésus, Alors ils placèrent des échelles sur la croix, détachèrent Le clous, soutinrent la tête couronnée d'épines, qui s'était affaissée sur l'épaule droite : ils prenaient les mêmes précautions que s'ils avaient craint de causer quelque douleur au Sauveur.
Sa divine Mère s'assit sur une couverture étendue par terre; elle appuya sur ses genoux la tête sacrée de Jésus, dont le divin corps était étendu sur un drap. La sainte Vierge était pénétrée de douleur indicible… elle tenait dans ses bras une dernière fois le corps de son divin Fils ! elle comptait de près toutes ses blessures, elle couvrait de baisers ses joues sanglantes, pendant que Madeleine reposait son visage sur les pieds de Jésus… On pouvait à peine reconnaître le visage du Sauveur, tant il était défiguré par les plaies et le sang dont il était couvert. Marie ne pouvait le laisser dans cet état, et avec un courage admirable, elle retira avec les plus grande précautions la couronne d'épines, en coupant une à une les épines enfoncées dans la tête de Jésus, afin de ne pas élargir les plaies par le mouvement; et ensuite elle les retira une à une avec une espèce de tenaille. Puis elle lui lava ses autres plaies, et Madeleine à genoux l'aidait, mais sans quitter les pieds de Jésus qu'elle baignait pour la dernière fois de larmes abondantes, et qu'elle essuyait avec sa chevelure…
⁂
Après l'embaumement du corps de Jésus, on le mit sur une civière de cuir recouverte d'une couverture, et Nicodème, Joseph, Jean et Abnadar eurent l'honneur de le porter. Deux soldats avec des flambeaux marchaient en avant, car il fallait éclairer l'intérieur de la grotte du sépulcre. Ils marchèrent ainsi près de sept minutes, se dirigeant à travers la vallée, en chantant des psaumes, vers le jardin de Joseph.
Le cortège entra dans le jardin, devant le rocher; alors on ouvrit la civière, et on enleva le saint corps sur une longue planche. La grotte, nouvellement creusée, avait été récemment nettoyée par les serviteurs de Nicodème, qui y avaient brûlé des parfums. La couche destinée à recevoir le corps était un peu plus large du côté de la tête que du côté opposé; on y avait tracé en creux la forme d'un cadavre, en laissant une petite élévation à la tête et aux pieds. Les saintes femmes s'assirent à l'entrée du caveau. Les quatre hommes y portèrent le corps du Seigneur, remplirent encore d'aromates une partie de la couche creusée pour le recevoir, et y étendirent un drap sur lequel ils placèrent le corps. Ils lui témoignèrent encore leur amour par leur larmes et leurs embrassements et sortirent du caveau. — Alors la Sainte Vierge y entra; elle s'assit du côté de la tête et se pencha en pleurant sur le corps de son divin Fils. — Quand elle quitta la grotte, Madeleine s'y précipita; elle avait cueilli dans le jardin des fleurs et des branches, qu'elle jeta sur Jésus; mais les hommes l'ayant avertie qu'ils voulaient fermer le tombeau, elle revint auprès des saintes femmes.
La grosse pierre destinée à fermer le tombeau était très pesante, et ce ne fut qu'avec des pieux qu'ils purent la rouler devant la porte.
⁂
Lorsque les archers eurent mis les larrons en croix, ils vomirent encore quelques injures contre le Sauveur, et se retirèrent. Les soldats de garde faisaient le tour de la plateforme et se moquaient aussi de lui en disant : Si tu es es le roi des Juifs, sauve-toi maintenant toi-même ! Quelques instants après, Jésus tomba en faiblesse : alors un soldat mit au haut d'un bâton une éponge trempée de vinaigre et de fiel, et la présenta aux lèvres de Jésus qui sembla y goûter … Ensuite Jésus leva un peu la tête et dit : Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! Puis il continua à prier en silence.
Dismas, le bon larron, fut profondément touché lorsque Jésus pria pour ses ennemis. Quand Marie entendit la voix de son Fils, rien ne put la retenir : elle se précipita vers la croix, suivie de Jean; elle se sentit aussi fortifiée par la prière du Sauveur. Dismas dit à son compagnon qui injuriait Jésus : N'as-tu donc pas la crainte de Dieu, toi qui es condanmé au même supplice ? Quant à nous, c'est avec justice, mais celui-ci n'a rien fait de mal. Songe à ta dernière heure et convertis-toi ! Dismas reçut à cette heure la grâce d'un profond repentir.
Il était environ midi et demie lorsque tout à coup le ciel s'obscurcit et les étoiles se montrèrent, jetant une lueur sanglante. Une terreur général s'empara des hommes et des animaux : les bestiaux tremblaient et s'enfuyaient; les oiseaux s'abattaient en foule sur les collines qui entouraient le Calvaire; on pouvait les prendre avec la main. Ceux qui injuriaient Jésus baissèrent le ton; tout le monde avait les yeux levés vers le ciel. Plusieurs personnes frappaient leur poitrine en disant : Que son sang retombe sur ses meurtriers ! Beaucoup se jetèrent à genoux, implorant leur pardon, et Jésus, dans ses douleurs, tourna les yeux vers eux. Comme les ténèbres s'accroissaient et que la croix était abandonnée de tous, excepté de Marie et des plus chers amis du Sauveur, Dismas, qui était plongé dans un profond repentir, leva la tête vers Jésus avec une humble espérance et lui dit : Seigneur, pensez à moi quand vous serez dans votre Royaume ! Jésus lui répondit : En vérité, je te le dis, tu seras aujourd'hui même avec moi en paradis !
La Mère de Jésus, Madeleine et saint Jean se tenaient entre la croix du Sauveur et celles des larrons et regardaient Jésus. La Sainte Vierge, dans son amour de Mère, priait intérieurement pour que Jésus la laissât mourir avec lui. Alors le Sauveur la regarda avec une ineffable tendresse, puis il tourna les yeux vers Jean, et dit à Marie : Femme, voilà votre fils. Puis il dit à saint Jean : Voilà ta mère. La Sainte Vierge fut tellement accablée de douleur à ces dernières dispositions de son Fils, qu'elle tomba sans connaissance dans les bras des saintes femmes qui l'emportèrent à quelque distance.
Qu'on ne s'étonne pas que Jésus donnât saint Jean pour fils à celle que l'ange salua en l'appelant pleine de grâce, parceque le nom de Jean est un nom qui signifie la grâce. Jean était devenu un enfant de Dieu, et le Christ vivait en lui. On sent aussi que Jésus, en la donnant pour mère à Jean, la donne pour mère à tous ceux qui croient en son nom.
Le calme régnait autour de la croix, d'où tout le monde s'était éloigné. Le Sauveur était absorbé dans le sentiment de son profond délaissement; se tournant vers son Père céleste, il priait avec amour pour ses ennemis. Je vis des anges autour de lui. Jésus souffrit tout ce que souffre un homme affligé,. plein d'angoisses, délaissé de toute consolation divine et humaine… Cette douleur ne saurait s'exprimer… Ce fut alors que Jésus nous obtint la force de résister aux plus extrêmes terreurs du délaissement, quand tous les liens se brisent, quand tous nos rapports avec le monde, avec cette terre, avec l'existance d'ici-bas vont cesser, et qu'en même temps les perspectives que cette vie nous ouvre sur une autre vie se dérobent à nos regards. Jésus conquit pour nous sur la croix, les mérites de la persévérance dans la lutte suprême; Il offrit pour nous sa misère, sa pauvreté, sa souffrance, son abandon : aussi l'homme uni à Jésus dans le sein de l'Église, ne doit-il jamais désespérer à l'heure suprême, quand tout s'obscurcit, que toute lumière et toute consolation disparaissent. Il n'y a plus pour les chrétiens de solitude, d'abandon, de désespoir dans les approches de la imort; car Jésus, qui est la lumière, la voie et la vérité, a descendu ce sombre chemin, y répandant les bénédictions; et il a planté sa croix dans ce désert pour en surmonter les terreurs.
Jésus laissé sans secours, réduit au dernier degré de l'abandon et de la pauvreté, s'offrit lui-même comme fait l'amour : il fit de son délaissement même un riche trésor; car il s'offrit, lui et toute sa vie, avec ses travaux, son amour, ses souffrances et le douloureux sentiment de notre ingratitude. Il fit son testament devant Dieu, et donna tous ses mérites à l'Église et aux pauvres pécheurs; il n'en oublia aucun.
Dans sa douleur, il témoigna son délaissement par un cri, et permit ainsi à tous les affligés qui reconnaissent Dieu pour leur père, une plainte confiante et filiale. Vers trois heures, il s'écria à haute voix : Eli, Eli, lamma sahachtani ! ce qui veut dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez abandonné ! Lorsque Marie entendit la voix de son Fils, rien ne put la retenir : elle revint au pied de la croix, suivie de Jean, de Madeleine et de Salomé. Vers les trois heures, la lumière revenait un peu, et le corps du Sauveur se voyait de plus en plus livide, épuisé à cause de tout le sang qu'il avait perdu. Jésus était dans les défaillances de l'agonie, sa langue était desséchée, et il dit : J'ai soif. Alors ses amis offrirent de l'argent aux soldats pour lui donner un peu d'eau, ce qu'ils ne firent pas; mais l'un d'eux trempa une éponge dans du vinaigre, l'assujettit au bout de sa lance et l'éleva jusqu'à la hauteur de la bou-che du Sauveur.
L'heure du Seigneur était venue; il lutta avec la mort, et une sueur froide jaillit de ses membres. Jean se tenait au bas de la croix et essuyait les pieds de Jésus avec son suaire. Madeleine, brisée de douleur, s'appuyait derrière la croix. La Sainte Vierge se tenait debout entre son divin Fils et le bon larron, soutenue par Salomé, et elle regardait mourir son Fils. Alors Jésus dit : Tout est consommé ! Puis il leva la tête et cria : Mon Père, je remets mon âme entre vos mains ! Ce fut un cri doux et fort qui pénétra le ciel et la terre; ensuite il pencha la tête et rendit l'esprit. Ses lèvres livides et contractées s'entrouvrirent et laissèrent voir sa langue ensanglantée. Ses yeux pleins de sang restèrent à moitié ouverts, ses genoux s'affaissèrent et plièrent du même côté.
Alors les mains de sa Mère se raidirent, ses yeux se couvrirent d'un nuage, elle devint pâle comme la mort; ses oreilles cessèrent d'entendre, ses pieds chancelèrent, et elle s'affaissa sur elle-même. Jean et les autres tombèrent aussi, la face voilée, et ne pouvant plus résister à leur douleur. Lorsque la plus aimante, la plus désolée des mères, relevée par ses amis, leva les yeux, elle vit le corps de son Fils conçu dans la pureté par l'opération du Saint Esprit, la chair de sa chair, l'os de ses os, le cœur de son cœur, elle le vit privé de toute beauté, de toute forme; séparé de sa très sainte âme; brisé, maltraité, défiguré, mis à mort par les mains de ceux qu'il était venu relever. Hélas ! il était là semblable à un lépreux, suspendu à la croix entre -deux voleurs ! Qui pourrait peindre la douleur de la Mère de Jésus, de la Reine des martyrs ?
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Le silence et le deuil régnaient sur le Golgotha. Le peuple, saisi de frayeur, s'était dispersé; Marie, Jean, Madeleine et les saintes femmes se tenaient debout ou assises en face de la croix, la tête voilée et pleurant. Le ciel était sombre et la nature semblait en deuil. Les archers arrivèrent bientôt avec des échelles et des cordes pour rompre les jambes des crucifiés. Lorsqu'ils s'approchèrent de la croix, la sainte Vierge éprouva de nouvelles angoisses à la pensée qu'ils allaient encore outrager le corps de son Fils. Un officier appelé Longin reçut une inspiration soudaine. Il saisit sa lance et dirigea vivement son cheval vers la petite élévation où se trouvait la croix; alors, prenant sa lance à deux mains, il l'enfonça avec tant de force dans le côté droit du Sauveur, que la pointe alla traverser le cœur et ressortit un peu à gauche. Quand il la retira, il sortit de la blessure du côté droit une grande quantité de sang et d'eau, qui arrosa son visage comme un fleuve de salut et de grâce. Il s'agenouilla, frappa sa poitrine et confessa humblement Jésus en présence de tous les assistants.
La sainte Vierge et ses amis virent avec angoisse l'action de cet homme, elles se précipitèrent vers la croix en poussant un cri. Marie tomba évanouie, comme si la lance eût traversé son propre cœur. L'eau et le sang coulèrent abondamment du côté du Sauveur et s'arrêtèrent dans un creux du rocher : on les recueillit avec une émotion indicible, et les larmes de Marie et des saintes femmes s'y mêlèrent.
Tout ceci se passa près de la croix, un peu avant quatre heures, pendantque Joseph d'Arimathie et Nicodème étaient occupés à préparer ce qui était nécessaire pour la sépulture du Christ.
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Le B. Albert-le-Grand va jusqu'à dire « qu'on mérite davantage par une seule pensée sur la Passion de Jésus-Christ, et par conséquent en faisant une seule fois le Chemin de la croix, qu'en jeûnant tous les vendredis au pain et à l'eau pendant une année entière. »
Saint Bonaventure dit « qu'il n'y a point de pratique de piété qui contribue plus efficacement à la Sainteté que l'exercice du Chemin de la croix. »
Le B. Jean Taulère, dominicain, écrit « qu'il fut révélé à un serviteur de Dieu que quiconque fera le Chemin de la croix recevra de Notre-Seigneur les grâces et les faveurs les plus signalées. »
Notre-Seigneur dit un jour à sainte Marguerite De Cortone : « Regarde, ma fille, et comprends comment il est vrai que je suis continuellement crucifié par les pécheurs. … Ô ma fille, il y a aujourd'hui plus de Juifs déchaînés contre moi parmi les chrétiens qu'il n'y en avait autour de Pilate au temps de ma douloureuse Passion. Que dis-je ? quand mon corps serait grand comme le monde et encore passible, on n'y trouverait pas aujourd'hui un endroit qui ne fût criblé de blessures causées par les péchés des hommes »
« Un jour, raconte la B. Baptiste Varani, franciscaine, que je lisais la Passion de Notre -Seigneur, je fis vœu de donner à Jésus au moins une larme de compassion tous les vendredis de l'année. Je fis tout mon possible pour être fidèle à cette promesse; mais je trouvais de grandes difficiles à l'observer. Il me fallait, en effet, tous les vendredis, mettre mon cœur à la torture et le pressurer longtemps pour obtenir cette larme que je lui demandais. Un jour, n'y tenant plus, j'allai trouver mon directeur et le suppliai de me relever de mon vœu. Il s'y refusa absolument, ajoutant néanmoins qu'après avoir fait tout mon possible pour accomplir ma promesse, je ne serais coupable d'aucune faute si je n'y pouvais réussir. — Alors je me résolus à méditer les souffrances de Notre-Seigneur, non seulement tous les vendredis, mais tous les jours pendant une demi-heure. Cette pratique plut tellement au divin Sauveur, qu'il m'accorda un don abondant de larmes saintes, que je versais sans effort et chaque jour, aussitôt que je pensais aux souffrances de mon Jésus crucifié. » — Ce fait est rapporté dans le procès de béatification de la Bienheureuse.
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Vous voici arrivé à la fin de ce petit volume. Remerciez la Vierge Marie de vous avoir fait persévérer dans cette pieuse lecture, et demandez-lui une grâce nouvelle pour recommencer encore la méditation des souffrances de son divin Fils. Ayez soin de poin-ter cette fois, à chaque page, le deuxième casier; dans une lecture suivante, vous pointerez le troisième, et ainsi de suite. Épuiserez- vous jamais une matière aussi vaste que l'amour d'un Dieu ?…
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Nous vous engageons instamment à vouf agréger à l'Association du Chemin de Croix perpétuel, établie par les RR. PP. Franciscains de l'Observance, 1222, rue Dorchester, Montréal, et qui est enrichie de très précieuses indulgences.
Fin de ce livre.
10 au 16 mars.
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